"Le tabac t’abat”
C’était en France, il y a longtemps, le slogan d’une campagne anti-tabac qui fit recette.
Mais il reste toujours des irréductibles, des optimistes naïfs qui pensent que la maladie les épargnera.
Quand on fume sa première cigarette, on n’imagine guère qu’on puisse un jour en mourir. A douze ans ou même à seize ans, la mort est une espèce d’évènement complètement improbable, un problème du quatrième ou du cinquième âges qui ne fait pas partie de l’environnement naturel. Si vous expliquez à un jeune fumeur qu’il est peut-être en train de brûler de belles années de son existence, il vous expliquera qu’il préfère mourir jeune sans s’être refusé le moindre plaisir. Et si déjà la mort, ce truc de viocs, ne préoccupe guère, le vieillissement vient dans l’ordre des priorités des jeunes, bien après le déficit du commerce extérieur, le trou de la Sécurité Sociale ou la dérive éthique de la procréation assistée, qui sont pourtant loin de constituer leurs causes d’insomnie.
En revanche, si vous êtes sorti de l’adolescence, que vos centres d’intérêt dépassent le périmètre même élargi de vos boutons d’acné, que vos flots d’ hormones ne vous empêchent plus trop de réfléchir, et que malheureusement vous êtes fumeur ou vivez dans la proximité immédiate d’un fumeur,vous pouvez vous sentir concerné par ces quelques lignes.
On sait depuis longtemps que le tabac est une cause d’athérome, qui signifie”bouillie” en grec. L’athérome est un dépôt qui tapisse l’intérieur de vos artères, s’épaissit tout au long de l’existence et oblitère progressivement la lumière de l’artère,ce qui rend de plus en plus difficile la circulation du sang et l’alimentation des tissus. Cause numéro 1 de l’artériosclérose: le tabac.
L’athérome concerne surtout les grosses et moyennes artères. Mais le tabac ne s’en prend pas qu’à elles. Même les artérioles sont punies! En effet,c’est non seulement la quantité, mais aussi la qualité des apports sanguins qui diminue à cause du tabac:
le sang des fumeurs porte moins d’oxygène que celui des non-fumeurs. Par conséquent, en arrivant depuis le coeur jusqu’à la périphérie, les tissus, au nombre desquels on compte les gencives, seront moins abondamment irrigués et oxygénés.
Dans un environnement aussi septique que la bouche, les agressions bactériennes sans cesse renouvelées peuvent provoquer de nombreux désordres si les défenses de l’organisme ne sont pas au mieux de leur forme. Avec un apport en oxygène amoindri, les gencives réagissent beaucoup moins efficacement aux attaques. La gingivite d’abord, puis l’apparition de véritables parodontopathies ( maladies des tissus de soutien de la dent) deviennent plus fréquentes et plus sévères. Le vieillissement du parodonte est plus marqué et plus rapide chez les fumeurs. La cicatrisation des tissus gingivaux est plus problématique. Les infections sont moins bien jugulées. L’ostéo-intégration des implants et leur durée de vie diminuent considérablement chez les fumeurs lourds. Première conséquence pratique immédiate: si malgré tout, vous n’arrêtez pas de fumer, au moins brossez vos dents plus souvent !
Si vous n’arrêtez pas de fumer pour vos poumons, faites le pour vos gencives !